Dessinateur judiciaire
Dessinateur judiciaire

Découvrez le métier de dessinateur judiciaire, l'art de capturer l'audience

Dessinateur judiciaire : une voie unique entre art et justice

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"C'est souvent des éclats, des altercations ou alors des témoignages émouvants que je n'attendais pas. J'ai quelques secondes, une petite minute, pour bien observer la scène en essayant de mémoriser les éléments forts, la gestuelle, et puis après, je fais mon dessin"

D'après Zziigg, dessinateur judiciaire. 

 

Le métier de dessinateur judiciaire est un métier captivant au sein du domaine judiciaire. En France, ils sont à peine une dizaine à exercer cette profession, alliant compétences artistiques et techniques pour créer des représentations visuelles essentielles dans le cadre d’enquêtes et de procès.

Ces experts graphiques ont pour mission de représenter visuellement les événements se déroulant lors des audiences au tribunal, en créant des dessins précis pour illustrer des situations complexes, comme des scènes de crime, des accidents ou des litiges techniques.

Découvrez ce métier unique et comment vous pouvez vous y préparer.

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Le procès de Nordahl Lelandais © Zziigg

 

Qu'est-ce que le métier de dessinateur judiciaire ?

En quoi consiste le métier de dessinateur judiciaire ?

Le métier de dessinateur judiciaire, également connu sous le nom de "croqueur d’audience", consiste à représenter visuellement les événements qui se déroulent lors des audiences au tribunal.

En France, il est interdit de photographier ou d’enregistrer pendant les procès, sauf dans des cas exceptionnels concernant des affaires historiques où des autorisations spécifiques sont données. C’est dans ce contexte que les dessinateurs judiciaires interviennent pour capturer l’essence de l’audience à travers leurs dessins. Souvent issus de la presse, ces professionnels sont également des dessinateurs de presse ou des journalistes spécialisés dans la couverture des affaires judiciaires.

Contrairement à d'autres métiers liés aux tribunaux, le dessinateur judiciaire n'assiste pas à l'intégralité d'une audience. Son travail se fait sur une période étalée sur plusieurs semaines ou mois, choisissant soigneusement les jours qui, à ses yeux, sont les plus médiatiquement intéressants.

Cela peut inclure des moments clés du procès, comme les plaidoiries des avocats, les témoignages ou les déclarations des accusés. La réalisation de chaque dessin peut prendre de 15 minutes à 3 heures, selon la complexité de la scène. En moyenne, un dessinateur judiciaire réalise entre 3 et 5 dessins par jour lors d’un procès.

Les dessinateurs judiciaires bénéficient généralement d’un grand respect au sein de la salle d’audience, car ils sont les témoins visuels des moments les plus intenses du procès. Leur position, souvent en face des témoins ou des accusés, leur permet de capter les expressions et les gestes importants, garantissant ainsi des dessins fidèles à la réalité.

Pour réussir dans ce métier, les dessinateurs judiciaires doivent avoir une capacité d'observation aiguë. Afin de produire les dessins les plus justes, ils doivent se plonger dans l’histoire de l’affaire, comprendre les enjeux du procès et, dans une certaine mesure, se mettre à la place des accusés, des témoins et des avocats.

Cela leur permet de saisir l’atmosphère de la salle d’audience et de retranscrire les moments les plus significatifs à travers leur art. Ce travail exige une grande concentration, de la discrétion et une maîtrise technique du dessin, afin de produire des représentations visuelles aussi précises que possibles tout en respectant l'intégrité du procès.​

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3 dessinateurs judiciaires lors d'un procès © Élisabeth de Pourquery

 

Quelles techniques de dessin pour devenir dessinateur judiciaire ?

Pour devenir dessinateur judiciaire, il est essentiel de maîtriser des techniques qui permettent de saisir non seulement l'apparence des personnes, mais aussi leurs gestes, postures et attitudes.

Le dessinateur judiciaire doit savoir capturer l’essence d’un moment en un coup de pinceau, souvent dans un contexte dynamique et sous pression. Les outils les plus utilisés sont ceux à séchage rapide, tels que le feutre ou le crayon de couleur, qui permettent de travailler rapidement tout en maintenant une grande précision. Les craies grasses, souvent choisies pour leur texture et leur capacité à créer des contrastes saisissants, sont également couramment employées.

Pour des dessins plus détaillés et nuancés, l’encre de Chine ou l’aquarelle sont des options privilégiées, bien qu’elles nécessitent un matériel plus complexe, incluant flacons d'encre, pinceaux et boîtes d’aquarelle. Mais au-delà des techniques et outils, le véritable défi pour le dessinateur judiciaire est de « photographier » mentalement les gestes et postures des individus présents, pour ensuite les reproduire avec fidélité sur le papier.

Cette capacité à observer et à mémoriser instantanément les mouvements et expressions humaines est ce qui distingue un dessinateur judiciaire de tout autre artiste.
 

Peut-on vivre du métier de dessinateur judiciaire ?

Le métier de dessinateur judiciaire, bien qu’extrêmement captivant et prestigieux, ne permet pas à lui seul de vivre confortablement. En effet, un dessinateur judiciaire ne passe pas son temps entier à dessiner des scènes de procès. Ces derniers interviennent généralement lors de moments clés et ne sont présents que sur une période bien définie, souvent quelques jours.

De ce fait, pour pouvoir en vivre, ils doivent diversifier leurs activités. La plupart des dessinateurs judiciaires exercent également d'autres métiers, tels que dessinateurs de presse. En collaborant avec des médias ou des journaux, ils peuvent toucher un salaire fixe ou avoir une source de revenus régulière.

Certains choisissent la voie du freelance, ce qui leur permet de vendre leurs croquis à divers médias. En tant que freelance, un dessinateur judiciaire peut vendre un dessin entre 100 et 400 euros, en fonction de l’importance de l’affaire et de la notoriété du procès qu’ils couvrent.

Le prix peut fluctuer selon plusieurs critères, comme l’audience médiatique du procès, le nombre de dessinateurs présents et la complexité de la scène à représenter. Par exemple, un dessin réalisé lors d’un procès très médiatisé ou historique aura une valeur plus élevée, car l’intérêt pour ces illustrations sera plus marqué.

Cette flexibilité permet aux dessinateurs judiciaires de mieux gérer leur emploi du temps et de maximiser leurs revenus tout en exerçant un métier passionnant.

Comment devenir dessinateur judiciaire ?

Devenir dessinateur judiciaire n’implique pas de formation académique stricte, mais plutôt une passion profonde pour le dessin et une maîtrise des techniques artistiques spécifiques, notamment la représentation des personnes.

Ce métier exige avant tout une grande sensibilité visuelle et la capacité à capturer l’essence d’une scène en quelques coups de pinceau ou de crayon. Bien qu'il n'existe pas de cursus dédié exclusivement au dessin judiciaire, il est essentiel de se former en dessin traditionnel et numérique en présentiel ou en distanciel pour développer des compétences solides.

Des écoles comme l'EDAA proposent une formation en illustration à distance, parfaites pour acquérir ces compétences. Cette formation aborde des techniques de dessin réalistes, la gestion des proportions, des éléments clés pour réussir à illustrer une scène judiciaire avec précision.

En suivant une telle formation, vous serez non seulement apte à dessiner des personnes, mais aussi à comprendre l’importance de chaque détail dans la reconstitution visuelle d’un procès, un atout essentiel pour exceller dans ce métier fascinant.
 

4 célèbres dessinateurs judiciaires

Honoré Daumier - (1808 - 1979)

Honoré Daumier, figure emblématique du XIXe siècle, est l'un des précurseurs du dessin judiciaire tel que nous le connaissons aujourd'hui.

Artiste polyvalent, lithographe, caricaturiste, peintre et sculpteur, il a marqué son époque par ses représentations satiriques de la société et de la politique. Mais c'est surtout son rôle dans les tribunaux qui le distingue : ses caricatures acerbes des figures du pouvoir et des procès publics ont été un moyen de critique sociale à la fois puissant et risqué.

D'ailleurs, en 1832, Daumier a été condamné à une peine de prison pour avoir osé caricaturer le roi Louis-Philippe sous les traits de Gargantua. Cet acte de rébellion souligne l'importance du dessin comme outil de contestation, même dans les murs du tribunal.

Cette histoire fait de lui une figure dans l'utilisation du dessin pour immortaliser et commenter les procès, un héritage que les dessinateurs judiciaires modernes continuent de porter aujourd'hui.​

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Dessin réalisé lors d'un procès par Honoré Daumier © Muzéo

 

Valentin Pasquier

Valentin Pasquier né en 1987, est un journaliste en presse écrite, a vu sa carrière prendre un tournant inattendu à la fin de l'année 2018 lorsqu'on lui a proposé de couvrir un procès par le dessin. Une passion qu'il cultive depuis son plus jeune âge.

Depuis, il alterne entre ses articles et ses dessins, parcourant les palais de justice pour immortaliser des moments forts de l’actualité judiciaire. Son travail a été sollicité par plusieurs médias prestigieux tels que France Inter, France 3 et France Bleu, où ses dessins viennent compléter les reportages. Il a notamment couvert des procès d’envergure, comme celui des attentats de Nice ou encore le procès de Salah Abdeslam, lié aux attaques du 13 novembre 2015.

À travers ses dessins, Valentin Pasquier offre une perspective unique des événements, capturant l’essence des procès tout en apportant une dimension visuelle souvent plus marquante que de simples mots.​

Procès attentat 13 novembre - valentin pasquier
Dessin réalisé lors du procès de Salah Abdeslam  © Valentin Pasquier

 

Siegfried Mahé

Siegfried Mahé né en 1965, est également connu sous son pseudonyme artistique ZZIIGG, il est un illustrateur freelance dont la carrière s'étend bien au-delà des simples dessins.

Artiste multidisciplinaire, il navigue entre décoration, graphisme, photographie et illustration, forgeant ainsi une identité visuelle unique. Depuis 2008, Mahé parcourt les tribunaux et salles d'assises pour immortaliser, à travers son regard d'artiste, les procès majeurs qui façonnent l’actualité judiciaire.

Son travail, aussi bien pour la presse écrite qu’audiovisuelle, l’a amené à couvrir plus d’une centaine de procès, dont des affaires emblématiques telles que l’affaire Pelicot, aussi connue sous le nom du procès de Mazan.

Chaque croquis réalisé par Mahé ne se limite pas à une simple reproduction de la scène, mais capture une ambiance, une tension et une dimension humaine, offrant ainsi une immersion unique dans les moments forts de la justice.​

Dominique Pelicot au proces Mazan - ZZIIGG
Dominique Pelicot lors de son procès © ZZIIGG

 

Noëlle Herrenschmidt

Noëlle Herrenschmidt, née en 1940, est une reporter aquarelliste reconnue pour sa capacité unique à allier l'art de l'illustration et la rigueur du reportage.

Sa carrière s’est distinguée par des travaux saisissants dans des domaines aussi variés que la couverture des hôpitaux et les procès judiciaires d’envergure. À travers ses croquis, elle offre une perspective humaniste et émotive des événements qu’elle couvre.

Son travail sur des procès célèbres, comme celui de Lagarde en 2016 pour Le Monde ou encore le procès du 13 novembre à Paris, a marqué les esprits. Grâce à son aquarelle, elle parvient à capter l'intensité des moments, où les mots peinent parfois à transmettre toute la complexité émotionnelle des scènes.

Chaque illustration de Noëlle Herrenschmidt va bien au-delà du simple dessin ; elle devient un témoignage visuel puissant des grands procès qui ont marqué notre histoire récente.​

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La salle d'audience pour le procès des attentats du 13 novembre © Noëlle Herrenschmidt



Le métier de dessinateur judiciaire est bien plus qu’un simple exercice artistique ; il est le témoin silencieux mais essentiel des grandes affaires qui façonnent notre histoire. Dans un monde où les images parlent plus fort que les mots, ces artistes jouent un rôle clé en traduisant l’intensité et la complexité des procès à travers des dessins chargés d’émotion et de vérité.

Si ce métier demande une maîtrise technique irréprochable, il exige aussi une capacité unique à comprendre l’humain et à capter les moments décisifs. Ainsi, le dessinateur judiciaire est bien plus qu’un simple observateur : il devient un acteur indispensable dans la mémoire collective de la justice.

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